L’Alliance Française de Pitești rejoint la cause des professeurs de langues romanes d’Argeș et soutient la position des enseignants sur le projet de plan-cadres pour l’enseignement secondaire, que nous citons ci-dessous:

Les membres du Cercle des professeurs de langues romanes de Pitești ont pris connaissance du projet de plans-cadres pour l’enseignement secondaire, mis en consultation publique le 31 janvier 2025.
À l’issue d’une première analyse des opportunités et des risques liés aux propositions de ce projet, nous tenons à formuler les précisions suivantes :
L’adhésion à l’espace européen et aux valeurs européennes et euro-atlantiques repose avant tout sur une éducation fondée sur ces principes. Une telle éducation implique nécessairement une composante linguistique, sans laquelle ni la mobilité, ni la communication, ni l’intégration et la compétitivité sur le marché du travail ne sauraient être pleinement assurées.
En tant qu’humanistes, conscients de notre mission éducative visant à former des individus et non des automates, nous estimons impératif que les disciplines Langues vivantes, Histoire et Géographie figurent dans le tronc commun pour toutes les filières, sections et spécialisations, avec un volume horaire adéquat permettant à la fois l’acquisition de connaissances et le développement de compétences spécifiques à chacune de ces disciplines.
L’argument central de notre démarche repose sur la nécessité de former un citoyen européen responsable et rationnel, correctement informé et capable de communiquer dans les principales langues utilisées au sein d’une Europe multiculturelle et multilingue.
Dans un contexte où la Roumanie est pleinement intégrée aux instances européennes et où la libre circulation dans l’espace Schengen est une réalité, la promotion du plurilinguisme et de l’interculturalité rend indispensable la maîtrise des langues de communication en Europe.
À une époque où l’accès à l’information est immédiat et illimité, nos élèves ont le droit de consulter des documents spécialisés dans leur domaine d’étude en langues étrangères, de s’informer via la presse internationale, et d’accéder aux grandes bibliothèques du monde ainsi qu’au patrimoine culturel universel. Or, sans une formation linguistique solide, ces droits fondamentaux risquent d’être bafoués.
Les futurs étudiants et professionnels de divers secteurs seront amenés à participer à des conférences internationales et devront consulter des bibliographies, études et documents en langues étrangères. La formation continue tout au long de la vie serait gravement compromise par l’absence de compétences linguistiques adéquates.
Nous tenons à souligner que, dans la plupart des pays membres de l’Union européenne, l’étude des langues étrangères est traitée avec le plus grand sérieux. À titre d’exemple, en Hongrie, 5 à 8 heures par semaine sont consacrées aux langues étrangères, en Allemagne 6 à 8 heures, en France jusqu’à 4 heures par langue et au Danemark jusqu’à 3 heures pour la deuxième langue étrangère.
Nous alertons sur le fait que la réduction drastique du volume horaire consacré à la deuxième langue étrangère entraînera une explosion du recours aux cours particuliers, contraignant ainsi les familles à assumer financièrement l’éducation linguistique de leurs enfants.
Par ailleurs, il convient de rappeler qu’une proposition visant à introduire l’examen de baccalauréat en deux langues étrangères a été avancée dans l’espace public depuis quelque temps. Dans cette perspective, une heure hebdomadaire d’enseignement ne saurait garantir une préparation suffisante à un tel examen, sauf en recourant à des cours particuliers supplémentaires.
De plus, les olympiades et concours scolaires et extrascolaires deviendront inaccessibles pour la deuxième langue étrangère, puisque les élèves seront en concurrence avec ceux qui l’étudient en tant que première langue étrangère.
Enfin, nous soulignons que de nombreux établissements scolaires participent à des projets européens avec des partenaires internationaux, où la maîtrise des langues vivantes constitue une exigence fondamentale. Une réduction drastique des heures dédiées à l’apprentissage des langues limiterait considérablement l’accès à ces projets à l’avenir, avec des répercussions même au niveau universitaire.
À la lumière de cette analyse, nous formulons les propositions suivantes :
- Maintenir un minimum de 2 heures par semaine pour la première et la deuxième langue étrangère dans le tronc commun pour toutes les filières, sections et spécialisations ;
- Introduire dans le curriculum spécialisé l’étude des langages de spécialité (pour la filière scientifique, le langage informatique, médical, économique dans les langues étudiées ; pour la filière littéraire, le langage économique, juridique, etc.) ;
- Introduire une troisième langue étrangère dans le curriculum spécialisé pour la filière littéraire.
En conclusion, nous appelons le Ministère de l’Éducation et de la Recherche, les Inspections scolaires départementales, les universités de Roumanie, l’Institut Français, l’Institut Cervantes, l’Institut Goethe, le Centre Culturel Italien ainsi que les enseignants, spécialistes, étudiants, élèves et parents à se mobiliser et à soutenir l’intégration des langues vivantes dans le tronc commun et dans le curriculum spécialisé des plans-cadres, indépendamment de la filière, de la section et de la spécialisation.

